Dans un monde en mouvement, celui qui reste immobile recule.
Dans un monde en effervescence, celui qui se contente de suivre le rythme perd du terrain.
La métaphore du peloton cycliste permet d’illustrer ce phénomène.
Dans une compétition cycliste,
le cycliste peu expérimenté qui se trouve en tête ou au sein du groupe de tête
du peloton, et qui cherche trop à s’économiser, ou encore qui ne possède pas
les ressources nécessaires pour accélérer et se relancer, et se contente
d’aligner son rythme sur le concurrent le plus proche de lui, se retrouve
rapidement en queue de peloton, puis se fait lâcher irrémédiablement.
Que s’est-il passé ?
Comment peux-t-on être distancé en roulant à la même vitesse que les
autres ?
C’est le résultat de
l’effervescence.
En réalité, insensiblement mais
régulièrement un coureur prend l’initiative d’accélérer sur quelques dizaines
de mètres pour se replacer en meilleure position au sein du peloton. Notre
cycliste du groupe de tête, se fait doubler par un autre concurrent mais n’y
prend pas garde, calquant son rythme sur ses voisins immédiats et croyant
rouler à l’allure moyenne du peloton. De temps à autre il est ainsi doublé.
Quand l’un des concurrents sur lesquels il calque son rythme décide à son tour
de se replacer plus en amont du peloton, instinctivement notre coureur reporte
son attention sur ses autres voisins immédiats, dont certains l’accompagnent
depuis un moment, qu’il est habitué à voir à ses côtés et qui lui paraissent
donc familiers, et dont d’autres sont revenus de l’arrière à la suite
d’accélérations individuelles. Ainsi, progressivement notre cycliste recule de
place en place dans le peloton, pour assez rapidement se retrouver en queue. La
tête du peloton se situe maintenant 200 mètres en avant, et l’allure est
rapide. Se rendant compte de sa situation, notre coureur s’accroche aux roues
de son prédécesseur immédiat, jusqu’à ce que ce dernier se relance à son tour
pour se replacer. Un espace s’est alors libéré entre notre coureur et le
peloton, celui-ci n’est plus au contact, il est lâché. Etant lâché, il lui
serait encore plus difficile de revenir sur le peloton que de s’y être
préalablement maintenu.
La vitesse perçue de
progression des acteurs de l’environnement de ce coureur est inférieure à leur
vitesse réelle parce que :
Ø
sa vision est trop partielle, dans l’espace et dans le temps,
Ø
il ne se compare qu’à ce qui le rassure et ne se remet pas
suffisamment en cause,
Ø
il néglige des événements et des signaux, son niveau de veille
est insuffisant,
Ø
il se situe dans une logique de suiveur et ne prend pas
d’initiative pour doubler ses concurrents et se relancer.
L’effervescence caractérise
notre environnement économique : création permanente de nouvelles
entreprises, de nouvelles offres, apparition de nouveaux concurrents venus
d’autres secteurs ou d’autres contrées, évolutions technologiques rapides, par à-coups,
fusions - acquisitions, transformations des marchés, évolutions du comportement
des clients, évolutions des rapports de force, évolutions des normes et
réglementations, ...
Se remettre en cause, se
‘relancer’, rester entrepreneur, fait partie intégrante de la mission du
manager, dont l’un des principaux rôles est d’assurer la compétitivité.